• Energy Research

Cette communication est issue d’un travail de recherche en géographie des risques qui s’intéresse à la vulnérabilité de l’agriculture méditerranéenne au changement climatique et à la diminution de la ressource en eau en Roussillon (France). Deux démarches complémentaires sont entreprises : la première caractérise les stratégies d’adaptation à la diminution de la ressource en eau des exploitants agricoles au moyen d’entretiens semi-directifs traités par un logiciel d’analyse textuelle. La seconde spatialise les pratiques d’adaptation des exploitants sur des croquis localisés. L’intérêt de cette démarche est double : elle permet, d’une part, d’identifier les mécanismes de construction de l’adaptation des exploitants et, d’autre part, de les insérer dans l’espace sur lequel elles s’articulent. Cependant, les exploitants ne s’adaptent pas tous de la même manière. Certaines stratégies tendent même à augmenter la vulnérabilité des exploitants à la diminution de la ressource en eau. Replacer ces stratégies dans des dynamiques de fonctionnement d’exploitation et des espaces informe sur l’évolution de la vulnérabilité des espaces. Cette note scientifique se concentre sur le second volet de la démarche. Au moyen de croquis, les stratégies des exploitants sont spatialisées sur un plan. Cela permet de documenter la manière dont les stratégies s’insèrent dans les territoires, ainsi que de distinguer les actions pour y parvenir. Dans le cadre du changement climatique et des prévisions sur l’évolution de la ressource en eau d’irrigation, l’usage de technologies dites « intelligentes » peut diminuer la vulnérabilité de l’exploitant, mais peut aussi l’augmenter. Ce paradoxe dépend du rôle attribué aux technologies dans les stratégies qui agissent sur la dépendance des exploitants à la ressource en eau. Vues à travers le prisme de la géographie des risques, les technologies ont un rôle ambivalent dans la diminution de la vulnérabilité de l’agriculture. Les conclusions nuancent le rôle des pratiques high-tech dans l’adaptation au changement climatique. This paper is the result of a research project in risk geography which focuses on the vulnerability of Mediterranean agriculture to climate change and the decrease in water resources in Roussillon (France). Two complementary approaches are undertaken: the first characterizes the adaptation strategies of farmers to the decrease in water resources by means of semi-directive interviews processed by a textual analysis software. The second spatializes the farmers' adaptation practices on localized sketches. The interest of this approach is twofold: on the one hand, it makes it possible to identify the mechanisms of construction of the farmers' adaptation and, on the other hand, to insert them into the space in which they are articulated. However, not all farmers adapt in the same way. Some strategies even tend to increase the vulnerability of farmers to the decrease in water resources. Repositioning these strategies in the dynamics of the farm operation in a territory provides information on the evolution of the vulnerability of territory. This scientific note focuses on the second part of the approach. By means of sketches, the farmers' strategies are spatialized on a map. This makes it possible to document the way in which the strategies fit into the territories, as well as to distinguish the actions to achieve them. In the context of climate change and forecasts on the evolution of irrigation water resources, the use of so-called "smart" technologies can decrease the vulnerability of the farmer but can also increase it. This paradox depends on the role attributed to technologies in the strategies that act on the farmers' dependence on the water resource. Seen through the prism of risk geography, technologies have an ambivalent role in reducing the vulnerability of agriculture. The conclusions qualify the role of high-tech practices in climate change adaptation.

Le changement climatique dans le Sud-Ouest de la France se matérialise par la transition d'un climat tempéré océanique à un climat méditerranéen. Cette transition pose des défis majeurs à la poursuite de l’agriculture irriguée, comme c’est le cas du Lot-et-Garonne. Rester soutenable économiquement dans un contexte de baisse de la disponibilité en eau constitue un enjeu de taille. Les filières agricoles sont au cœur d’injonctions paradoxales entre maintenir une forte production et être sobres en eau. Des recherches conduites dans le Lot-et-Garonne entre 2022 et 2023 auprès des parties prenantes des filières pruneau, kiwi et noisette ont mis en avant trois résultats principaux : des dynamiques productivistes de plus en plus techniques et industrialisées dans un contexte d’agriculture libérale, des stratégies d’adaptation au travers de l’irrigation (même contre le gel) et les prémices d’un sentiment de déconnexion entre les politiques publiques et les attentes locales, qui se sont exprimées par des mouvements de protestation du monde agricole.